INTERVIEW : Ibrahima THIAM

Pourquoi je suis candidat à l’élection présidentielle ?

04 - Décembre - 2018
Ibrahima Thiam, président du mouvement politique Un Autre Avenir
Ibrahima Thiam, président du mouvement politique Un Autre Avenir

Ibrahima THIAM, pourquoi je suis candidat à l’élection présidentielle ?

Nous sommes honorés de publier cette semaine l’interview que nous a accordé le Président du mouvement « Autre Avenir », Ibrahima Thiam, candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle qui se déroulera au Sénégal en février prochain. Un entretien au cours duquel celui-ci nous révèle la sortie ces jours-ci d’un livre programme : « Un nouveau souffle pour le Sénégal ». Dans notre édito du mois d’août dernier, (lire ci-dessous) où nous dressions le portrait du candidat « idéal » susceptible de faire entrer le Sénégal dans le XXIe siècle, nous ne pensions pas être à ce point prophétique car Ibrahima Thiam semble bien être cet homme capable de porter un « New Deal » Sénégalais, cet homme porteur d’une volonté, d’une ambition, d’une vision d’avenir pour les Sénégalais et les Sénégalaises, cet homme aussi incarnant une candidature de renouveau que nous appelions de nos vœux. L’interview d’aujourd’hui n’en a que plus d’intérêt, de sens et de force.

Question : Et pour commencer, à l’intention de ceux qui ne vous connaîtrez pas encore, qui êtes-vous Ibrahima Thiam ?

I.Thiam : Je suis né en 1965 à Kaolack, j’ai donc cinquante-trois ans. Ma mère, Katy Mbaye est Sénégalaise et mon père, Mamadou, Gambien. Mon enfance s’est déroulée au Sénégal ou je l’ai quitté pour me rendre en France afin de poursuivre mes études.

Question : Justement pouvez-vous nous présenter votre cursus universitaire ?

I. Thiam : Je suis titulaire d’un Deug de sociologie que j’ai obtenu à l’université de Nancy, d’un DUT de techniques de commercialisation auprès de Paris XII et d’une Maîtrise des sciences de gestion délivrée par l’université Paris Dauphine. Je ne suis donc pas un technocrate et ne suis pas passé par l’Ecole nationale d’administration. Mon parcours professionnel s’apparente davantage à ce qu’on appelle la société civile et j’en suis fier car j’ai le sentiment de ne pas appartenir à la caste de la haute administration et de n’avoir pas été formaté dans un moule comme tant d’autres dirigeants politiques.

Question : D’accord, et donc quelle direction avez-vous prise au terme de vos études ?

I. Thiam : J’ai débuté ma première carrière professionnelle en tant que gestionnaire de patrimoine. En 1998, j’ai intégré comme Responsable du service budget de la Délégation Régionale Paris Ouest & Nord du CNRS (Centre National de Recherche Scientifique), un des plus grands instituts scientifiques de recherche dans le monde. Et en 2004, je suis devenu chargé de mission à l’INSERM qui est un des plus grands instituts de recherche médicale en Europe. Peu après j’ai intégré l’Institut Fédératif de Recherche en qualité de responsable administratif et financier avant de rejoindre en 2013 l’ICAN (Institute Cardiometabolism And Nutrition) où durant deux ans j’ai piloté la mise en place des plateformes scientifiques et cliniques durant deux, en 2015, j’ai à nouveau rejoint le centre de de recherche de Saint-Antoine de l’INSERM en qualité de secrétaire général. Changer d’entreprise plusieurs fois dans sa vie permet d’évoluer dans sa vie professionnelle, d’accumuler des expériences, s’enrichir au contact de nouvelles personnes, de milieux différents. Comme secrétaire général il me revient d’assumer la direction administrative et financière de l’établissement. Je suis aussi chargé de l’accompagnement, de la mise en œuvre et du suivi des projets scientifiques du centre de recherche. On pourrait résumer mon rôle en disant que je dois organiser, planifier et coordonner les différents acteurs et à ce poste on attend de moi une connaissance approfondie de la réglementation juridique, administrative et financière relative aux établissements publics. Cela nécessite également des qualités managériales car la plus grande richesse de l’entreprise est, d’abord et avant tout, humaine.

Question : Cette vie professionnelle en France, très prenante, vous a tenu éloigné du Sénégal, avez-vous pu néanmoins conserver une relation privilégiée avec le pays ?

Ibrahima Thiam : J’ai un attachement viscéral avec mon pays et ma région d’origine et durant toutes ces années j’ai initié sur place diverses initiatives comme la création d’un incubateur de start-up (T4COM) et d’une exploitation agricole (SENAGRI). J’ai aussi contribué à l’équipement de douze bibliothèques à Kaolack avec la région Ile-de-France, le conseil général du Val-de-Marne et la ville d’Alfortville. J’ai également organisé des chantiers internationaux à travers des séjours de deux semaines à Kaolack avec des jeunes déshérités du département de Val-de-Marne, accompagné la scolarité pendant dix ans des jeunes enfants en décrochage scolaire et réalisé trois courts-métrages avec des collégiens en difficulté scolaire du collège Henri Barbusse. Pour moi l’engagement associatif, ou citoyen, est quelque chose d’essentiel, très enrichissant, très formateur et je suis fier de l’avoir fait au service de mon pays.

Question : Parallèlement à ces activités vous avez aussi milité dans le cadre politique en occupant même des responsabilités au sein de l’opposition sénégalaise en Europe ?

Ibrahima Thiam : En effet, car être loin des yeux ne signifie pas être loin du cœur et le sort de mes compatriotes au Sénégal ne m’a jamais laissé indifférent. Je m’inquiète de la situation de précarité dans laquelle se trouve beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire de misère. Je m’inquiète de la gabegie financière et de l’usage des fonds publics pour des projets qui ne participent pas suffisamment au développement économique du pays et au niveau de vie des Sénégalais. Je suis scandalisé par le niveau de corruption atteint dans certains secteurs clés de notre économie alors que le Sénégal dispose de nombreux atouts pour en faire un modèle en Afrique. Même la démocratie, que l’on cite en exemple, subit des atteintes permanentes de la part d’un pouvoir autocratique, aujourd’hui à bout de souffle. La situation qui est faite à Karim Wade et à Kalifa Sall est de ce point de vue scandaleuse, en les empêchant de pouvoir se présenter aux élections de février prochain, et ce alors que l’ONU a contesté le bien fondé des poursuites entamées contre eux. Cela disqualifie le régime de Macky Sall, au niveau des instances internationales. C’est pour toutes ces raisons que voici un an j’ai créé le mouvement «Autre Avenir » afin de proposer un New-Deal aux Sénégalais et de redonner un nouveau souffle au pays. Aujourd’hui ce mouvement est présent à Dakar et dans chacun des quatorze départements du pays à travers des permanences animées par de nombreux militants. Nous sommes également présents aux côtés de la Diaspora, en France, mais aussi en Belgique, en Espagne, en Angleterre, en Italie et aux Etats-Unis, etc. Pour populariser notre mouvement on peut aussi consulter notre site : www.autre-avenir.com, qui se veut un outil de communication interactif destiné aux médias, aux sympathisants, aux militants et à toute personne désireuse de nous suivre, voire d’adhérer à notre cause.

Question : Qu’est-ce qui a motivée votre décision de vous présenter à l’élection présidentielle ?

Ibrahima Thiam : Le désir d’offrir une alternative au pouvoir en place actuellement à Dakar. D’être une voie de recours après un septennat de Maky Sall qui s’est montré incapable de résoudre les difficultés quotidiennes de nos compatriotes. Il faut qu’une nouvelle génération accède aux pouvoirs, non pas en faisant de belles promesses qui n’engagent que ceux qui les entendent, ni même en venant avec de magnifiques projets qui plusieurs années après seront toujours dans les cartons. Ma démarche est différente et je l’explique dans un livre à paraître d’ici quelques jours « Un nouveau souffle pour le Sénégal ». A travers une vingtaine de chapitres je me suis efforcé d’analyser la situation au Sénégal, d’établir un diagnostic, un état des lieux en matière économique, sociale, dans les domaines de la santé, de l’enseignement et la formation, de la culture, de la justice, de la culture, de la pêche, du tourisme, de l’énergie, etc. Le but étant à partir de ce constat d’apporter les corrections nécessaires, mettre fin aux dysfonctionnements, aux inégalités criantes, faire que ce qui ne marche pas aujourd’hui fonctionne demain. J’attends énormément des jeunes et des femmes pour remettre le Sénégal sur la voie du développement et de l’amélioration des conditions de vie de nos compatriotes. Nous disposons sur place de ressources naturelles importantes, y compris le pétrole, nous pouvons aussi compter sur une élite intellectuelle capable de bâtir des projets entrepreneuriaux innovants. L’exil ne doit pas être une solution pour des jeunes inquiets de leur avenir et je veux qu’ils puissent trouver sur place un travail et des conditions de vie décente. Pour cela il nous faut soutenir et amplifier la croissance qui seule peut créer des nouveaux emplois, soutenir les jeunes créateurs d’entreprise, leur donner une chance de réussir et d’être fiers d’eux-mêmes. Les partis politiques traditionnels sénégalais sont épuisés, à court d’idées et de motivation. Essentiellement parce qu’ils sont dirigés par des caciques de la politique qui aspirent à obtenir des privilèges pour eux et à distribuer des avantages à leur entourage, à se servir de leur position, plutôt qu’à servir la nation. Ces mœurs sont d’un autre temps et sont condamnés par une grande partie de la population. Il est plus qu’urgent de procéder à un renouvellement des hommes et des idées, tel est le sens de ma candidature à l’élection présidentielle de février 2019. J’ajoute que je veux lui redonner ce qu’il m’a apporté en mettant au service du pays le fruit de mon expérience, de mes réflexions et de mon énergie. Le Sénégal a besoin de tourner une page et je l’invite à en écrire une nouvelle porteuse d’espoir et d’avenir.

Nous tenons à remercier Ibrahima Thiam de nous avoir accordé cet entretien et de nous avoir expliqué le sens de sa démarche et sa volonté d’être le représentant en février 2019 de millions de Sénégalais qui ne se reconnaissent pas dans la politique conduite depuis le début de son mandat par Macky Sall.

A noter qu’Ibrahima Thiam va être doublement en concurrence avec Macky Sall, en févier bien sûr mais aussi dès aujourd’hui en librairie car la sortie, ces jours-ci, de son livre « Un nouveau souffle pour le Sénégal » coïncide avec la mise en rayon d’un ouvrage du chef de l’Etat. Ouvrage dans lequel celui-ci glorifie son action depuis qu’il a été élu. Nous laisserons le soin aux Sénégalais de se prononcer sur cette démarche plus égocentrique que réaliste, plus passéiste que porteuse d’avenir. Mais peut-il y avoir meilleur éloge qu’écrit par soi-même ? 

 

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