Dialogues national et politique

Une communication à contresens ou un deni de démocratie

11 - Décembre - 2017
Macky Sall, président du Sénégal
Macky Sall, président du Sénégal

Le dialogue est au cœur de notre vie sociale, un pilier de la démocratie. C’est un remède aux tensions politiques ou un rempart contre les passions et les dissensions. Nous avons tous en mémoire les concertations entre les présidents Diouf et Wade, guidés par leur patriotisme et qui tentaient de résoudre des crises ou des conflits menaçant les fondements de notre société. Ces dialogues avaient un sens, aboutissant même à la mise en place d’un observatoire national des élections (ONEL). L’objectif était de rechercher la cohésion ou la remise en marche du système politique jugé défaillant. Le dialogue apparaît ainsi comme un moyen d’apaisement et de restructuration du tissu politico-social. Par contre quels enseignements pouvons-nous tirer des dialogues voulus par la majorité présidentielle actuelle ?

La forme de ces dialogues « makyllés » met à l’évidence le caractère galvaudé de ses concertations, transformées en outil de communication politique. Le pouvoir actuel pense que la crise de la confiance qui les atteint peut-être résolue par le miracle de la communication politique. Cette dernière, objet de suspicion, est rejetée à juste titre par les acteurs politiques de l’opposition. Il y’a en effet un préalable à respecter avant de convoquer un débat national ou politique. Le dialogue fait appel à la raison et à l’écoute. Le but ultime dans ce type de communication est de trouver une complémentarité des points de vue, de rechercher ensemble et de manière désintéressée, le consensus. C'est un des vecteurs essentiel et nécessaire pour obtenir l’adhésion et sans doute, apporter une contribution constructive et positive de tous les acteurs de la vie politique.

Une des premières étapes - qui semble évidente ! – est de positionner le débat public bien en amont de la décision, de façon à ce que plusieurs options soient encore ouvertes, et qu’il soit encore possible d’en examiner ou co-construire de nouvelles. Cela implique d’une part, que le pouvoir accepte d’organiser un débat de fond sur le contentieux électoral, et d’autre part, qu’il ait la volonté politique de tenir réellement compte des résultats qui en émergent pour élaborer leur décision.

Il n’est point besoin de démonter l’importance du processus électoral dans la consolidation des systèmes démocratiques. L’Etat a la responsabilité d’établir les préalables indispensables à des élections libres, régulières et transparentes et d’instaurer un dialogue permanent entre les acteurs autour du processus électoral. Mais il doit tout autant être conscient que sans la sincérité et la franchise dans le dialogue, il est illusoire d’espérer arriver aux consensus nécessaires au renforcement de notre système électoral.

Nous constatons malheureusement l'autoritarisme dont fait preuve Macky Sall dans l'exercice de ses fonctions ne favorise aucun dialogue constructif. Nous rappelons que pour l’adoption d’une nouvelle constitution, le gouvernement a rejeté le principe de la consultation mutuelle permanente et a procédé à la modification unilatérale du système électoral. La rupture du consensus politique a ainsi conduit à la confection d’un nouveau fichier. Cette manœuvre politicienne a d’ailleurs empêché une partie de l’électorat à exercer leurs droits civiques lors des dernières élections. C’est l'ultime duperie d'un pouvoir en perte de repères et en mal d'inspiration. Son souci de premier rang réside dans le perfectionnement de la technologie ou de la tricherie lui permettant de conserver le pouvoir. Il faut surtout se rendre à l’évidence que ce régime est à bout de souffle. Plus que sa méthode, c’est l’homme politique qui est en cause. Le Président Macky Sall doit être conscient de sa responsabilité personnelle et celle de son clan sur le chaos dans lequel il est en train de plonger le Sénégal. Les dirigeants « aperistes » ainsi que de la majorité présidentielle relèguent au second plan les préoccupations et les attentes du peuple. Et ils se disputent à couteaux tirés pour des prébendes et des coordinations politiques illusoires. La presse est devenue le lieu du spectacle affligeant de ses empoignades. Alors des hommes incapables de s’entendre dans leur propre formation politique peuvent-ils conduire un débat national ou politique ?

L'urgence est donc d’appeler un dialogue sincère et inclusif afin de permettre l’audit du fichier électoral, la nomination d’une personnalité indépendante chargée d’organiser les prochaines échéances électorales, la délivrance des cartes électorales en souffrance, le financement des partis, statut de l’opposition, etc...

Le mouvement d’UN AUTRE AVENIR reste très attaché aux principes de la démocratie participative pour donner un nouveau souffle pour le Sénégal. C’est pourquoi nous invitons le Président Macky Sall d’arrêter sa chevauchée solitaire à cœur et à corps perdus dans un mouvement paroxystique. La conjoncture actuelle exige une vision plus large et plus claire dans le domaine de la gouvernance de notre pays.

Ibrahima Thiam,
Président d'Un Autre Avenir

Dernières actualités :

19 - Janvier - 2024

Sénégal, oh mon pays, qu’a-t-on fait de ta démocratie ?

A quelques jours des élections présidentielles du 25 février, ce qui aurait dû être un grand rendez-vous populaire et démocratique pour le Sénégal a tourné à la farce, pire à la...


26 - Décembre - 2023

Abdoul Mbaye : La rencontre entre un homme et son peuple !

A moins de deux mois de l’élection présidentielle, une excellente nouvelle vient de tomber avec le dépôt en fin de semaine dernière des parrainages en faveur d’Abdoul Mbaye devant le Conseil Constitutionnel....

29 - Novembre - 2023

PRESIDENTIELLES 2024 : EN ROUTE VERS LA VICTOIRE AVEC ABDOUL MBAYE

Les alliés de la coalition Adoul2024 viennent de remettre un lot de 2009 parrainages de la diaspora (France, Italie, Espagne) à Meissa LO, responsable du parti Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT). Cette...

14 - Novembre - 2023

PETITION appelant à la démission d’Amadou BA, Premier ministre

Il y a quelques jours une pirogue ayant à son bord plusieurs jeunes sénégalais désireux d’un avenir meilleur, a, une nouvelle fois, chaviré dans l’Océan. Où était pendant ce temps le...