Culture de l’arachide au Sénégal

Ne faudrait-il pas enfin se passer de la culture de l’arachide ?

14 - Février - 2018
Culture de l'arachide à Teranga au Sénégal
Culture de l'arachide à Teranga au Sénégal

"La campagne arachidière dans la région de Kaffrine se déroule actuellement avec des difficultés liées notamment au retard noté dans le financement qui ne vient pas …pour faciliter l’écoulement des arachides qui sont entre les mains des producteurs…" dixit le gouverneur de la région de Kafrine. Cette situation est quasi la même dans toutes les zones de production et elle se répéte  à chaque campagne de commercialisation de l’arachide.

Par le passé, le Sénégal était le 4ème pays producteur d’arachide au monde après les Etats-Unis, le Nigéria et la Chine. La production et la commercialisation de l’arachide occupent plus de 4 millions de Sénégalais. C’est un secteur qui bénéficie de subventions conséquentes de la part des tous les gouvernements depuis les indépendances. Et malgré l’existence d’une industrie d’huileries, une consommation locale très importante et une exportation assez soutenue, les producteurs d’arachide sont les plus pauvres parmi les agriculteurs sénégalais. Lorsque la production frôle des records comme cette saison, au lieu de permettre aux producteurs d’engranger des gains substantiels, les prix chutes en plus, écouler la production devient difficile par manque de débouchés et de financements.

Ne devrait-on pas repenser notre modèle d’agriculture basé sur la monoculture de l’arachide et se lancer dans la diversité, entre des cultures pour une autosuffisance alimentaire d’une part et d’autre part des cultures de rente pouvant assurer des gains aux producteurs ? L’expérience réussie de la culture de riz dans la vallée du fleuve Sénégal nous prouve qu’il est possible de développer d’autres filières qui cadrent avec les besoins de notre pays.

Cette expérience sur le riz, nous pourrions la tenter avec des cultures comme le blé que nous importons à hauteur de 600.000 tonnes par an, et certaines cultures expérimentées avec succès par exemple en Ethiopie tels que les fleurs de roses et le raisin. La science permet maintenant d’adapter n’importe quelle culture à n’importe quelle condition climatique. Le problème de manque de pâturage pour nos éleveurs devrait nous pousser aussi à penser cultiver l’herbe, comme c’est pratiqué par les éleveurs en Europe.

Laisser 30% de la population sénégalaise s’adonner à une agriculture qui est dans des difficultés chroniques insolubles dans toutes les réformes ou subventions étatiques, n’est pas une solution pour lutter contre la pauvreté en milieu rural. Il faudrait de manière responsable poser le débat de l’arachide entre pouvoirs publics, spécialistes de la question, producteurs etc.

Lorsque l’on se balade dans les campagnes européennes, tout espace qui n’est pas affecté à l’agriculture, se transforme en champs de panneaux solaires. Peut-être devrions-nous faire de nos espaces inexploités, des champs photovoltaïques, surtout que nous avons du soleil 365 jours par an.

Historiquement, le colon qui voulait spécialiser ses colonies pour assurer l’approvisionnement de la métropole, avait imposé au Sénégal la production de l’arachide. Cette culture est devenue ainsi par la force des choses un levier socio-politique, subventionnée à coup de milliards par tous les gouvernements pour s’assurer la paix sociale et l’adhésion des populations à leur régime. D’ailleurs l’inefficacité des politiques découle des interventions politiciennes de l’Etat dans ce secteur. La monoculture de l’arachide a appauvrit aussi toutes les terres et pourtant, l’horticulture se développe sans aucune aide substantielle de l’Etat.

En attendant de prendre les décisions idoines, il faut de la régulation dans la production de l’arachide, car qui connait bien le marché capitaliste doit savoir par cœur qu’il fonctionne selon l’offre et la demande. Au Sénégal, lorsqu’il y a des records de récoltes en arachide on chante ça sous tous les toits, alors que cette surproduction peut être néfaste aux producteurs qui sont confrontés à des baisses de prix. L’Etat subventionne alors pour éviter l’asphyxie du secteur, mais souvent ces subventions vont vers les huiliers ou les spéculateurs, la preuve, le président Macky Sall a supprimé la taxe à l’exportation sur l’arachide pour attirer les Chinois, mais cela ne profite nullement aux producteurs qui peinent à vendre son arachide au prix fixé par l’Etat.

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